Le projet
Le peintre belge, René
Magritte, affectionnait les choses simples. Dans ses tableaux, on trouve un
oeuf, un chapeau, une pipe, un miroir, le ciel. À partir de ses éléments et de
leur représentation, le peintre commence à jouer, à jongler et ce faisant développe
un monde truffé de rébus, d’images oniriques et déroutantes. Il appelle
lui-même ses peintures des pensées rendues visibles.
Nous invitons les enfants et
les adultes à partir en voyage, un voyage où nous donnons aux choses des noms
nouveaux, un voyage qui emprunte la large route entre rêve et réalité et qui
nous incite à penser et à questionner sur un mode ludique. Et voilà qu’un homme
naît d’un oeuf, que des pommes mûres pleuvent des nuages pendant que le cadre
d’une fenêtres nous emmène jusqu’à la mer et qu’une horde de valises passe,
menaçante. Nous buvons une gorgée de ciel et ouvrons les portes interdites à
l’aide de la clé des songes...
Le spectacle „La clé des songes“ a reçu le soutien du
Ministère de la culture et de la protection des monuments historiques de la
ville de Dresde.
Dans
les rêves, il y a encore des tigres. Le voyage théâtral „La clé des songes“ au
Theater Junge Generation ne transportera pas que les enfants au septième ciel.
Sur la scène, un oeuf. Une créature vacillante en sort
avec lenteur. Tel un clown triste et solitaire ou à la manière d’un de ces
héros pressés, inspirés par les deux grands maîtres du cinéma muet Buster
Keaton ou Charlie Chaplin, Ikkola, dont la mimique et la gestuelle font penser
à Karl Valentin, part à la conquête d’un monde toujours différent de ce qu’il
semble être. Il utilise avec intelligence les possibilités offertes par le
théâtre et le théâtre de marionnettes pour questionner le monde des objets et
interroger la réalité. Des pommes aussi vertes que l’herbe, à peine tombées du
ciel, à l’instar de signes divins, se mettent à aboyer, à klaxonner et à
pleurer comme des bébés et ne se calment qu’une fois caressées. Un téléphone
catapulté sur la scène devient le porte-voix absurde d’un tiers invisible,
manteau et chapeau-melon se transforment en partenaires de jeu tandis qu’une
horde de valises en cuir passe sur la scène dans des bruits de grincements de
portes.
L’équipe du projet :
Idée et jeu Sabine
Köhler, Heiki Ikkola
Co-mise en scène Jörg Lehmann
Dramaturgie Ulrike
Lessmann
Scénographie Sabine
Köhler
Collaboration à la
scénographie Verena Butze, Yvonne
Brückner
Musique et bruitage Daniel Williams
Lumière Falk
Dittrich
Training physique Tine Madsen
Grafique Stefanie Oeft-Geffarth
Fotos Jean-Sebastian Nass
Training physique Tine Madsen
Grafique Stefanie Oeft-Geffarth
Fotos Jean-Sebastian Nass
Revue de presse:
„L’univers
pictural de Magritte. André
Breton répondit un jour à la question qu’est-ce que le surréalisme: „C’est un
oeuf de coucou déposé dans le nid avec la complicité de René Magritte“. Et
c’est justement de ce même oeuf de coucou, démesuré par dessus le marché, que
sort le marionnettiste et comédien Heiki Ikkola. Cette naissance semble avoir
été engendrée par l’esprit du surréalisme que Magritte sut élever, à l’aide
d’objets apparemment très simples, à un niveau très personnel. Ikkola évolue
sur la scène, en chapeau melon et parapluie, avec un sens aigu de la pantomime
et du grotesque et une intuition évidente pour la poésie inhérente à l’oeuvre
de Magritte. Les images oniriques s’enchaînent les unes après les autres et des
objets, tout droit sortis de l’univers de Magritte, une pomme vert vif, un
peigne, un verre, un blaireau sortent comme par magie du chapeau noir...
Une valise prend la place de la tête et apprend à
parler, des pommes tombent soudainement du ciel et aboient après celui qui veut
les ramasser. Là où Magritte semble se perdre entre philosophie de l’objet et
nostalgie personnelle, Ikkola tisse une histoire de voyage avec beaucoup de
talent et d’humour. Il finit par échouer, moitié poisson, moitié humain, sur un
rivage inconnu et joue, de manière loufoque, avec des manteaux qui parlent.
Tout en laissant toujours au spectateur suffisamment de place à son imagination
pour qu’elle puisse se déployer. Ceci n’est pas un rêve. Ou alors?“
(Norbert Seidel, Dresdner Neueste Nachrichten)
Un ciel pour se désaltérer.
Magritte au théâtre. „La clé des songes“ une création réussie du Theater Junge
Generation (tjg)
Une main apparaît au-dessus d’un oeuf blanc géant.
La main produit le bruit d’un battement, les doigts s’écartent. Un poussin veut
sortir de son oeuf et sécher ses ailes. L’oeuf se tourne, un homme se tient
accroupi à l’intérieur. Il sort la tête, hésite, incertain de ce qu’il doit
penser du monde. Puis, se hasarde à faire ses premiers pas, il se cogne,
trébuche mais continue, poussé par la curiosité...
C’est ainsi que commence le nouveau spectacle du
Theater Junge Generation intitulé „La
clé des songes“ avec pour sous-titre Un voyage théâtral dans l’univers
pictural de René Magritte. On doit l’idée du spectacle et le jeu sur
scène à Heiki Ikkola et Sabine Köhler qui ont déjà mis en scène pour le tjg et
que certains connaissent aussi probablement grâce au festival d’été de Dresde
„Schaubuden-Sommer“. Ils se sont engagés dans ce nouveau projet sous le nom de
la Compagnie Freaks und Fremde qui s’est donnée pour objectifs „changement de perspectives“
et „renouveau des modes de penser et d’agir“. C’est aussi ce que souhaitait
René Magritte, le maître du fantastique, de l’absurde et parfois aussi de
l’épouvante, qui mourut en 1967 à Bruxelles et qui participa à la création du
mouvement surréaliste. Les peintures de cet artiste jouent un rôle central dans
le spectacle et lui donnent tout son sens. Comme si ces deux marionnettistes
expérimentés les avaient réinventées pour la scène.
L’oeuf, le ciel, les nuages,
la pluie, la lumière... Toutes ces métaphores, issues des peintures de
Magritte, sont transposées pour la scène. L’homme, à peine éclos de son oeuf,
ouvre sa valise et y trouve une chemise, un pantalon, un manteau et
l’inimitable chapeau melon. Ce chapeau tout rond que Magritte aimait à porter
et qu’il peignit à maintes reprises. Ainsi le tableau qui représente un homme
dont le visage est à moitié caché par une pomme devient la pomme qui, de
manière hilarante, se retrouve coincée dans la bouche de l’acteur. Sur une
bouteille bleu ciel des nuages blancs ont été peints. Tenue tout contre
l’oreille, elle nous fait entendre le vent, mise devant l’oeil, elle devient
télescope.
Ce que fit Magritte avec ses
peintures: inverser intérieur et extérieur, grand et petit, clair et obscur et
etc. Heiki Ikkola et Sabine Köhler le font sur scène, que ce soit par la mise
en jeu des corps, par la pantomime, par la parole, par la manipulation
d’objets, par le travail du son, par les changements brusques de musique et par
toutes les possibilités qu’offrent les accessoires et la scénographie ainsi que
par le jeu des lumières. Et tous ces moyens ils les utilisent à la seule fin
d’offrir une cure de jouvence à notre imagination. C’est fabuleux,
extraordinaire et excitant. C’est une pluie d’été qui vous invite à partir en
promenade en compagnie de votre imagination. Il ne fait aucun doute que
Magritte y aurait pris beaucoup de plaisir. „Il y a des gens qui aiment les
mystères explicables, personnellement, je préfère ceux qui sont inexplicables“,
aurait dit le peintre. Un poisson avec des pattes marche sur la scène et
s’assied à côté de l’homme au chapeau melon. Le ciel s’obscurcit, un orage
éclate.
Ce spectacle très ambitieux
ne sera peut-être pas au goût de tout le monde, car il ne raconte pas une
histoire. Mais c’est du grand art. Et tout à fait compréhensible pour les
enfants dès l’âge de 4 ans, car Magritte ne cessa jamais de faire référence à
son enfance dans son travail: pluie et
parapluie, poule et oeuf, pomme et bébé. Toutes choses connues de tous.
Car qui ne connaît pas le goût savoureux de l’oeuf à la coque ? Qui plus
est quand il parle et dit : „Mange-moi!"
(Dresdner Neueste Nachrichten, Andrea Rook)
Que cela soit clair une fois
pour toutes: les enfants ne s’amusent jamais autant que quand quelqu’un d’autre
se prend une bonne dérouillée. À la première du spectacle „La clé des songes“, sur
la petite scène du Theater Junge Generation à Dresde, les plus grands éclats de
rires se faisaient entendre quand le personnage principal en voyait de toutes
les couleurs. Et si le calme revenait régulièrement dans la salle, les enfants
bouche bée d’admiration, cela est dû principalement à l’incroyable faculté de
Heiki Ikkola de remplir l’espace avec trois fois rien.
Le marionnettiste,
interprète et pantomime a constitué la compagnie de théâtre „Cie. Freaks und
Fremde“ avec sa partenaire artistique, Sabine Köhler. Ils ont coproduit avec le
tjg un voyage théâtral en images pour les enfants à partir de 4 ans. Après
Dresde, le spectacle sera bientôt montré à Berlin, Dreiech et Bonn. Les
artistes se sont inspirés des peintures de René Magritte. Autour des objets qui
tiennent une place centrale dans l’oeuvre du peintre, tels l’oeuf, le chapeau,
la pipe ou encore le miroir, ils ont créé des scènes riches en images et des
jeux de lumière fantastiques. Sans oublier l’humour omniprésent dans leur
travail.
Au commencement, c’est un
homme adulte, en dessous de coton et chaussettes, qui sort d’un oeuf. Il avance à tâtons dans un monde inconnu, se
dispute avec un téléphone télécommandé et finit par trouver, dans une valise,
les choses qui feront de lui un être humain: un pantalon, une chemise, une
veste et des chaussures. Et un chapeau bien sûr! Il s’en suit un voyage dans le
monde des rêves. Une petite heure de spectacle où l’on n’a jamais le temps de
s’ennuyer car cet homme, fraîchement éclos, conquiert le monde avec les yeux
d’un enfant plein de curiosité. Et dans ce spectacle, il y a toujours quelque
chose à découvrir. Les enfants commentent avec délectation et à voix plus ou
moins haute: „une pomme“, „des nuages“, „des valises, des valises!“, „un
parapluie!“.
Sans cesse apparaissent de
nouvelles petites merveilles. Ikkola se débat avec les manches de sa veste,
essaie de dompter un oeuf à la coque et papote avec une créature fabuleuse aux
allures de poisson. Et constate : „Dans les rêves, il y a encore des tigres.“ Des
pommes tombent du ciel et une colonie de valises passe en silence. Ikkola
utilise peu la parole et préfère enfiler image après image. Le spectacle fait
appel à tous les sens et est ponctué de petits intermèdes burlesques. Même un
rot est le bienvenu.
Le spectacle n’enchantera
pas seulement les enfants. Les adultes qui ont perdu depuis longtemps la
faculté de rêver cèdent, eux aussi, à la magie du spectacle quand une fenêtre,
flottant dans les airs, s’ouvre pour faire entrer le bruit dans la mer sur la scène.
Daniel Williams produit ses effets sonores en live. Il fait hennir une pomme et
prête à une autre pomme des pleurs de bébé. Ce qui fait dire à l’un des jeunes
spectateurs, dans un moment de prise de conscience proprement effrayant: „Il
mange le bébé!“. Les jeux de lumière de toute beauté de Falk Dittrich jouent un
rôle important dans l’esthétique de ce spectacle.
Et comme si de rien n’était,
des éléments puisés dans les peintures de Magritte surgissent à tout moment
dans la pièce. C’est ce que l’on appelle une initiation artistique pour les
plus petits. Heureusement, „La clé des
songes“ ne tombe jamais dans la facilité ou la niaiserie. Ikkola et Köhler
prennent leurs petits spectateurs aussi au sérieux que s’ils étaient grands.
(Sächsische Zeitung, Johanna
Lemke)
Une grande fenêtre qui oscille au milieu de la scène
constitue l’élément scénographique central et marque la limite entre le rêve et
la réalité, entre le monde intérieur et extérieur, entre le paraître et la
réalité. Mais, au fait, de quel côté sommes-nous? Dans une scène, Ikkola
ramasse des pommes comme il ramasserait des coquillages sur la plage. On entend
le puissant bruit des vagues. Il ferme la fenêtre, le silence s’installe à
nouveau. Avec sa fenêtre, Ikkola est le chef d’orchestre de la mer et, en même
temps, il se laisse bercer par les flots sous la forme de son double, une
petite figurine en bois, qui debout dans une valise, chevauche ces vagues
sonores. Et bientôt nous entendons la chanson „La mer“ de Charles Trenet.
Intérieur et extérieur fusionnent un instant avant que le petit homme ne
retombe dans son monde solitaire. Grâce à ses éléments visuels et sonores (le
merveilleux collage sonore de Daniel Williams), le spectacle réussit à
transposer l’univers visuel de Magritte au théâtre que ce soit par la citation
directe de ses peintures ou, plus librement, en utilisant des éléments qui
reviennent sans cesse, comme l’oeuf. Ainsi, un peu plus tard, Ikkola, un peu
poule, pond un oeuf puis le mange. Bientôt, la „clé des songes“, une référence
directe au titre d’un autre tableau de Magritte, lui sort d’une oreille. Ce
dernier tableau est ensuite transposé sur scène. Il en résulte un jeu de
correspondances entre mots, images et sons qui donne au spectateur la liberté
de faire des voyages personnels dans sa propre étrangeté.
(Double
– Magazine pour le théâtre de marionnettes et d’objets, Mascha Erbelding)